vendredi 13 septembre 2013

Enjoy Eternal Bliss album de Yndi Halda (2007)




Yndi Halda, groupe de Post-Rock britannique, premier album durant lequel j'avoue avoir profité de la béatitude, au moins le temps de quatre morceaux fabuleux.

Le son apparaît progressivement comme les premiers rayons de l'aube. Les morceaux racontent une histoire grâce à un panel instrumental fourni : guitare, glockenspiel, piano, banjo, voix, basse, violon, batterie et tambourin. Ils ne sont que cinq membres et pourtant on dirait que l'on a affaire à tout un orchestre. Dash and Blast nous transporte vers un autre univers, décrit progressivement, lentement, longuement, de la tristesse s'en émane et pourtant c'est l'euphorie qui prédomine en nous. Un nombre incalculable de cris s'échappent au loin, accompagnés par des tambours militaires, c'est une marche pour la victoire. La mélodie marche au pas et à moins d'avoir les portugaises ensablées, c'est bien la sérénité qui se dégage de cette avancée, des voix réjouies se font entendre, constellés de teintes nuancées à souhait, la première victoire ? 

We Flood Empty Lakes : nous inondons un lac vide, une métaphore, mais pour dire quoi ?
Violon, piano, batterie émergent les uns après les autres, engendrant de la musique classique, une force s'élève, puis se divise pour se séparer en plusieurs troupes. Les groupuscules se retrouvent, l'aventure est solidaire, on se serre les coudes, on se bat ensemble. Le temps s'écoule, peut être comme de l'eau dans un lac, mais goutte par goutte. Une fois le lac suffisamment rempli, on se ressource paisiblement. Puis, on repart dès les premières apparitions solaires, les cœurs frappent comme des tambours, tout le monde est de la partie : enfants comme vieillards, parents comme grands parents. Chacun à son rythme, collectivement l'envie de continuer est bien là, vers le chemin de la vie. Car il faut évoluer, vivre de nouvelles expériences. En milieu de journée, l’énergie vitale est à son paroxysme, la meilleure période pour vivre le moment présent. Rire, pleure, cri annoncent la nuit à venir et la lumière s'estompe.

A song for Starlit Beaches, hommage aux plages étoilées sous le son du banjo. Cet instrument est une présence autonome, alors que violon batterie fredonnent toujours le même refrain, lui est bluffant de simplicité. L'ariette est magnifique. Le rythme est changeant : pulsé puis harmonieux, orchestré par des transitions superbes. Pour sortir des passages intenses et s'adonner à la douceur, certains instruments quittent brusquement le titre, les restant immobilisent la note en cours, la batterie change de rythme. Le piano est accompagné de souffles nostalgiques provenant de la nuit. Ce sont les astres qui nous projettent ce sentiment, subtil et apaisant.
On se remémore alors, les bons moments et une voix intervient :
"There would be birdsong over flooded beach,
and we would be daylight over the shipwreck-sands."

"Il y aurait des chants d'oiseaux sur la plage inondée,
et nous serions lumière sur le naufrage des sables."

Puis des pleures instrumentaux, effets de sifflements, des larmes qui ne sont pas vraiment tristes, pas vraiment heureuses non plus, mais toujours teintés de positifs.

Illuminate my Heart, my Darling !
Pensées tournées vers l'être cher qui n'est pas présent. L'amour déchire par son intensité, il papillonne vers une étreinte passionnée. La relation amoureuse est vécue comme bien plus qu'une simple expérience,  mais une véritable aventure apportant tendresse et tristesse, joies de courts instants et bonheur durable, pureté, innocence, naïveté, profondeur. C'est la création d'un nouveau langage, remplaçant le mode oral par celui des gestes. La musique au diapason, nous rend compte de cette communication : les yeux, les mains, le touché, le ton, la démarche, la manière d'être. Les émotions s'inscrivent sur le visage de l'autre, le déchiffrement se fait naturellement, sans réfléchir. L'empathie crée un lien suffisant, la connexion est parfaite, invisible au regard de l'inhabitué. Parfois, l'amour prend une tournure destructrice, pourtant l'addiction est encore là. Nul ne peut s'en défaire, la tentation est trop forte. Le bien être trop grand. La vie reprend un cours plus normal, un flux plus posé. Le grand frisson est passé, mais pour encore combien de temps ? L'horloge tourne, seconde après seconde, année après année. Le cœur a repris des battements normaux.
La musique est légère, mystique, angélique, sauvage : elle coule à flot comme l'eau, roucoule comme l'oiseau, frappe comme la foudre avec justesse, immobile comme l'ombre elle bondit comme le prédateur, se laisse tomber en fines gouttelettes pour être soufflées par le vent, éclaircissant notre esprit confus. L'air refroidit se réchauffe, les molécules s'entrechoquent plus souvent, alors que le son, lui, perdure toujours dans les mêmes fréquences. Il fait lourd, la pression augmente, la tempête s'abat, des sueurs froides naissent, la tension est palpable puis retombe brutalement. On reprend connaissance. Où sommes-nous ? Est-ce la fin ?  Parmi les débris de nos désirs, on souffre, mais on vit toujours. Corps et cœur endurent la douleur, peu importe, nos fonctions vitales, elles, subsistent.

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