mercredi 18 septembre 2013

Le départ de Jerzy Skolimowski (1967)


Jean-Pierre Léaud et Catherine Duport


Mon premier Skolimowski, quel réalisateur poignant ! Ses films « où l'absurde le dispute à l'inquiétante étrangeté», utilisent tout ce qui était possible de manier à l'époque. Il joue entre effets vidéo ludiques, musiques touchantes jouées par un orchestre employé pour l'occasion et acteurs très nerveux, le tout cerné dans une trame très vive, haletante tout du long. La tension est telle, que l'on nous arrache le cœur pour nous le rendre 1000 fois.

On retrouve Jean-Pierre Léaud en acteur principal qui joue Marc, un éternel adolescent de 20 ans qui ne rêve que d'une chose : participer à un rallye. Il est accompagné par son amie qu'il aime avec agitation et continence : Michèle jouée par Catherine Duport. Elle, a toujours une apparence malicieuse, un peu comme une petite fille qui aurait fait une bêtise et qui en serait moins honteuse que fière. Voilà, donc qu'à côté de notre jeune futur pilote s'enroule une romance infernale.

Michèle donne une allure de femme libre, capable de prendre des initiatives, maîtresse de ses sentiments, indépendante à tout instant où Marc irait trop loin. Lui est agressif, prêt à tout pour réussir son entreprise (obtenir une Porsche pour le jour de la compétition), mais en même temps, bizarrement incertain. Marc joue un rôle, il donne une image de celui qui change sans cesse d'humeur, passant en une seconde du rire à l'agressivité à la colère et à l'ennui. Il se rend donc ambiguë par son comportement et insaisissable par ses actions, impulsives et absurdes. Il semble jouir d'une liberté sans entrave où il cède à chacun de ses caprices, à toutes ses idées. Il est ainsi en chien fou, courant partout, hyperactif pour avoir une voiture à temps et pour plaire à sa belle. Il fait l'idiot devant elle pour se rendre intéressant, lui dit des mots doux, puis l'agresse verbalement, lui donnant des ordres. Mais, au moment importun où il obtient les faveurs de son amie, il perd tout contenance et se défile, il craint de s'engager par pudeur et par manque de confiance.

A cela s’incorpore de très beaux plans : de situations incongrues, ou des gros plans sur ces personnages charismatiques, et de jolies musiques : chansons françaises ou Free Jazz. Le film est très contemplatif.
A côté de ça, il est aussi très éprouvant : trop d'événements, d'actions instinctives, absurdes, les personnages partent dans tous les sens. Cela crée une tension incroyable qui nous empêche de quitter le regard de l'écran.
Le Départ c'est très proche de A Bout de Souffle, pourtant il n'y a pas d'acteur en commun et à la réalisation on a Skolimoski d'un côté, Truffaut de l'autre. Mais, à n'en point douter, les comportements, les actions, l'atmosphère, le ton des deux films sont les mêmes, c'est très surprenant.

Spoil : La différence majeure se fait sur la fin du film.
Belmondo choisit la mort car il sent qu'il n'est pas aimé en retour de son amour, alors que Marc choisit son amoureuse plutôt que ses rêves de pilote glorieux. Les conséquences sont différentes mais les deux héros choisissent l'amour.

La nouvelle vague nous montre une fois de plus que l'amour y prédomine et que les personnages sont prêts à tous les sacrifices pour décrocher le coeur de l'être aimé. Le film démontre une fois de plus, qu'avec de bons acteurs et un scénario pimpant, on peut être subjugué.

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