vendredi 6 septembre 2013

Next écrit par Michael Crichton (2007)


Tout d'abord j'aimerais préciser quelque chose de primordial. Je ne souhaite pas faire de la publicité pour les ouvrages que je lis. J'ai juste envie de les décrire. Ainsi, je peux raconter beaucoup de qui s'y passe car cela m'offre matière à réflexion, mais cela vous enlèvera tout intérêt de le lire chez vous. Ainsi, vous pouvez lire ce que j'écris jusqu'à un certain point pour ne pas être trop spoilé, puis arrêter.  

J'ai fini ce Best Seller hier et c'était mon premier Crichton. Michael Crichton faisait ses études de médecine à Harvard quand une année avant d'avoir son diplôme il publie un roman puis un autre l'année d'après. Il serait intéressant qu'on m'explique comment une personne qui suit ses études en médecine trouve le temps d'écrire deux romans, enfin... Cet Homme devait être fort en plus d'être grand (2m06 !). Il est mort d'un cancer à 66 ans et c'est lui qui a écrit Jurassic Park ! (je mets un événement triste et joyeux afin d'atténuer celui qui est triste)
Anecdote amusante, avant de rentrer en médecine il faisait des études en Anglais et s'étonner de ses notes particulièrement basse avec l'un de ses profs qui critiquait son style d'écriture. Ainsi lors d'un examen, il copia un travail de George Orwel et rendit sa feuille. Il obtint la note B- sans aucune autre appréciation. Au moins il a eu la moyenne...


Next qu'est-ce que c'est ? C'est un roman avec une forme assez spéciale, vu qu'il mêle des intrigues de fictions toutes rattachées à des événements ayant vraiment eu lieu dans le milieu de la recherche génétique. En plus, l'ouvrage incorpore dans des encadrés des découvertes scientifiques ayant un peu secoué la presse scientifique ou non. Plus clairement, le roman passe d'un contexte où par exemple deux scientifiques viennent de créer illégalement un chimpanzé qui parle, à un procès ou un homme d'un certain âge ne souhaite plus qu'on lui prenne ses cellules à des fins commerciales. Ainsi une dizaine d'histoires sont racontées, sachant que chaque chapitre décrit un bout d'histoire et qu'on ne sait quand il reprendra, ça peut être juste avant la fin du livre. Le tout est axé sur un sujet : l'éthique en matière de recherches scientifiques.

On apprend beaucoup de choses dans ce livre et ça c'est un réel point fort. Je vous décris les points qui m'ont marqué qui sont des publications qui ont fait polémique, car beaucoup de gens se demandaient si les articles étaient véridiques ou non, certains le sont, d'autres ont été désapprouvé par le milieu scientifique.

Les chercheurs ont démontré l'existence d'un gène de la domination qui a l'état homozygote aurait surement appartenu à tous les dictateurs et qui à l'état hétérozygote (2 fois plus faible), donnerait des individus éprouvant un fort besoin de contrôle sur tout.
L'adulte possède des cellules unipotentes qui permettent le remplacement de nos cellules au fur et à mesure qu'elles meurent mais seulement pour un même tissu, le remplacement de toutes nos cellules se faisant tous les 7 ans. Il faudrait des cellules souches pluripotentes pour remplacer n'importe quelle cellule de n'importe quel organe, cellules qui n'existent qu'à l'état fœtal mais qu'il est possible d'obtenir en implantant des cellules souches unipotentes (donc d'adulte) dans un ovule, manipulation génétique qui échoue extrêmement souvent.
On navigue dans la propriété de gènes et donc dans les brevets, ainsi il existe une stratégie orchestrée par les grandes entreprises qui se nomment le brevetage sous-marin. De quoi s'agit-il ? En fait c'est très malin, une grande entreprise privée de recherche en génétique achète les droits de nombreux gènes un peu au hasard, mais sans pour autant les développer et sans trop non plus se manifester. La firme attend ensuite qu'une autre entreprise développe une utilisation d'un des gènes et la commercialise pour dire qu'elle possède les droits et prendre ainsi le contrôle gratuitement et légalement de plusieurs années de travail. Bien sûr, dès qu'un "objet" est breveté, il est possible de le savoir en allant sur des sites par exemple, mais avant l'informatisation c'était beaucoup plus compliqué et surtout plus long. L'autre avantage de cette stratégie (qui n'est pas formulé dans le livre), c'est que cela peut conduire les entreprises concurrentes à croire que la compagnie qui brevette à tour de bras, va travailler sur une maladie en particuliers (celle associer au gène), cela crée donc une fausse piste.

Et oui, vous l'aurez remarqué, on ne dirait pas qu'on est dans le domaine de la médecine, mais au contraire celui des affaires où tous les coups sont permis à cause souvent d'une législation à la ramasse. Bien sûr le cas aux Etats-Unis est extrême, mais il faut savoir qu'en France, ce n’est pas loin d'être la même chose. Par exemple, le directeur du pôle biologie d'un hôpital toulousain racontait qu'aujourd'hui les stratégies misent en place par les hôpitaux en France étaient de détruire progressivement la concurrence des petites cliniques avoisinantes afin d'obtenir plus de cli.. patients pour que financièrement l'établissement puisse tourner. D'ailleurs son travail était plus de voir comment obtenir le plus d'argent possible, car la recherche et la prescription de médicaments coûtent chères, que de s’intéresser à l'avancement de la recherche ou au bien-être des patients. En fait, ce n’est pas exactement ça, le bien-être des patients est hyper important car elle donne une bonne réputation à l’hôpital ce qui permet d'attirer encore plus de clie... patients. Ce monsieur était très sincère (il ne mâchait absolument pas ses mau.. mots) et on sentait que ça le chagrinait réellement qu'un lieu de guérison tel qu'un hôpital puisse être axé à ce point sur la rentabilité.
Autre exemple en France et aux Etats-Unis, le public devient progressivement comme le privé. C'est l'argent des impôts que tout le monde paye qui finance cette recherche, pourtant aujourd'hui plus personne n'a accès aux découvertes (loi Bayle-Dole que l'auteur critique longuement à la fin), il y a une protection de la connaissance alors que finalement elle appartient à tout le monde. Plus grave encore, après avoir vendu une molécule médicale à un industriel, nous les financeurs du développement de cette molécule devons payer le prix fort pour l'obtenir. Aux Etats-Unis ce sont directement les universités "publiques" qui font les testent et commercialisent le nouveau médicament, eux comme nous payons donc deux fois.
L'auteur à la fin, parlera d'ailleurs de son avis sur la recherche et le brevetage du vivant, un avis assez intéressant mais que j'évoquerai plus tard.

Autre anecdote, on apprend qu'en Europe, on a grandi d'environ 10 cm en un siècle, alors que les américains dans le même laps temps ont légèrement rapetissés. Les scientifiques expliquent que c'est à cause ou grâce à l'hygiène de vie de ces pays. Les américains ont beau consommer beaucoup beaucoup d'eau pour se laver, ils restent tout de même sales, à l’intérieur. Et oui, ils bouffent trop mal pour avoir une augmentation de taille contrairement aux européens qui se nourrissent plus sainement.

Il est dit aussi que les hommes sont plus attirés par les blondes que par les brunes car ayant un plus haut taux d’œstrogènes elles seraient plus féminines mais surtout seraient plus fertiles, le caractère blond serait apparu chez l'homme de Cro-Magnon, ce qui inconsciemment aurait un rôle positif pour l'évolution de l'espèce. J'ai tenté de trouver des infos la dessus, je suis tombé que sur des sites affreux, hyper stéréotypé tenu la plupart du temps par des femmes...
De même, il est difficile de dire si les produits laitiers on réellement un effet positif sur la croissance osseuse et donc la taille de l'adulte, nombreux sites se contredisant sur la question. Il augmenterait les risques de maladies cardio-vasculaires, le cancer du sein ou celui de la prostate, d'autres affirmant le contraire. Ce qui est sûr, c'est que la capacité à digéré les produits laitiers autres que d'origine humaine est apparue il n'y a pas très longtemps : environ 12 000 ans. Il s'est propagé progressivement en Europe et rares sont les asiatiques à avoir le gène de la persistance au lactase, seulement 25% des habitants dans le monde le possèderaient.

Autre point, les hommes de Néanderthals étaient plus intelligents et plus robustes que les Hommes de Cro-Magnon, pourtant ce sont eux qui se sont éteint en premier. Pourquoi ? Car ils pensaient déjà à la survie de la nature, à vivre en communion avec elle, ils étaient dans l'autolimitation, ne prenant à la nature que le nécessaire. Selon Sheldon Harmon, ceci serait dû au fait qu'il possédait le gène du comportement réactionnaire. Les réactionnaires pensent que le monde se dégrade, ne prenant pas de nouvelles initiatives, ils ont une moins bonne capacité d'adaptation, ils risquent donc plus facilement de s'éteindre. Au contraire, Cro-Magnon était dans la surconsommation, il récupérait plus de viandes que nécessaire etc..., il pensait lui que le monde s'améliorer au fil du progrès, technique par exemple.

Certaines américaines, adolescentes ou adultes, vendraient leurs ovules afin de pouvoir se payer un implant mammaire. (no comment) Si en fait un, dans une société où l'image domine sur tout et où il n'y a plus de limite, il est normal que ce genre d'événement arrive.

Dernier point, d'après Bruce Charlton, un psychiatre américain, plus les études seraient longues, plus l'immaturité durerait longtemps. Avant le comportement adulte pouvait arriver dès l'adolescence, aujourd'hui certains adultes ne se comporteront jamais de leur vie de manière mature. Les longues études auraient donc des conséquences infantilisantes du moins jusqu'à l'obtention du diplôme.
Pour approfondir, j'ai l'impression que les parents lâchent bien moins facilement leurs enfants jeunes adultes qu'avant. Aujourd'hui, les parents ont besoin de garder le contrôle, le pouvoir. Ceci peut s'expliquer par l'individualisme de la société engendré entre autre par la technologie telle que l'informatique, ou le portable permettant aux parents d'être toujours en lien avec leurs progénitures. Dans tous les domaines : études, travail, sport, économie d'un pays, territoire, culture avec le tourisme, sciences, littérature, recherche et même associatif c'est la compétition qui domine.
Il y a un demi-siècle, l'éducation était plus dur, les libertés rares : les parents disaient "si tu veux vivre comme tu l'entends et faire ce que tu veux, quitte la maison", ainsi dès qu'il le pouvait l'enfant partait et pouvait enfin découvrir les joies de la liberté. Aujourd'hui, l'éducation est plus laxiste ce qui n'est pas plus mal, mais qui a pour conséquence d'être dans la surprotection de l'enfant.
Ainsi, étant moins bridé, il va avoir tendance à rester plus longtemps. Les parents souffrant de l'individualisme du système, recherche du réconfort dans la vie familiale et donc peuvent aller jusqu'à faire culpabiliser le jeune adulte afin qu'il reste au sein du domicile familiale ou qu'il revienne fréquemment, l'empêchant de faire sa vie pleinement et donc de mûrir ! On se protège de la société par la famille. Après la guerre, le problème n'existait pas, car il fallait tout reconstruire, bien que la compétition existait, la solidarité était encore présente, les progrès techniques n'ayant pas encore eu lieu, il y avait encore de la simplicité dans les relations, des relations plus franches et moins superficielles, moins perverses. Il n'y avait pas besoin de garder ses enfants pour avoir une activité sociale épanouie, les parents étaient donc plus libres eux aussi.

Bon voilà pour les principales infos des encadrés, je ne raconterai pas les histoires parallèles qui sont parfois amusantes, surtout quand nombre d'entre elles se rejoignent dans la même trame, qui était jusque-là assez chaotique.
Plusieurs points tout de même. Comme tout best-seller qui se respecte, le style d'écriture n'y est pas. Un livre qui se vend bien marche car il est ludique est facile à lire, le contenu se doit d'être surprenant ou fascinant et la forme se doit d'être la plus limpide possible. Ce n'est pas si grave, mais là quand même j'ai trouvé le style vraiment trop neutre, le roman se compose d'une succession d’événements localisés dans des lieux trop brièvement détaillés et comprenant des personnages jamais décrit physiquement. Les dialogues offrent certes un bon rythme à l'ouvrage, mais sont trop simplifiés et trop nombreux. Entre deux chapitres on passe du coq à l'âne sans transition, le nombre de personnages principaux étant très important, il faut s'accrocher pour suivre chaque trame, surtout que certains chapitres d'une page n'ont pas grand intérêt.
L’œuvre est facile à lire et parfois drôle et stimulante surtout vers la fin, mais ce sentiment est souvent trop ponctuel car perdu dans des successions d'actions décrites de manière incohérente. Le mieux étant de lire les découvertes scientifiques présentées.

Enfin, comme je le disais précédemment, l'auteur donne son avis sur la question de l'éthique et de la recherche scientifique.
Il dit que les brevets sur la nature : maladie, gènes, protéines, tissus sont un frein aux avancées en recherche médicale, il ajoute que quand de l'argent est en jeu (c'est-à-dire tout le temps !), 90% des produits testés afin d'être commercialisé voient leurs résultats biaisés de manière significative. Un sacré problème. Selon moi, ce qu'il y a d'effarant, c'est qu'il dit qu'il ne devrait pas y avoir d'interdit en matière de recherches car de toute façon, si elles ne sont pas réalisées en Amérique, elles le seront par exemple en Malaisie. Le fait d'interdire a des effets désastreux, il évoque pour étayer son propos l'interdiction dans son pays de la drogue.
Et là, tout de même je trouve ça effarant ! Le mec écrit un bouquin pour critiquer le manque d'éthique des entreprises de biotechnologie à travers le monde, pour dire finalement, qu'il ne faut absolument pas arrêter la recherche mais au contraire ne plus la limiter. Les contenus des recherches doivent être publics afin d'améliorer la progression de la science. C'est honteux. Je comprends qu'il appartienne à ce milieu et que la génétique puisse le passionner, mais tout de même, est-ce que tout est bon dans la science ? Clairement pas. Il le dit lui-même, les chercheurs ne sont plus des humanitaires mais des hommes d'affaires, lui voudrait qu'il n'y est plus de limite dans les affaires en somme.
Peu importe l'idée, tant que tu montres de la transparence dans ton travail tu peux te lancer. Même si je suppose qu'il soit par exemple contre le clonage humain, je suis sûr qu'il se disait que si celui-ci peut permettre d'améliorer la médecine et donc la longévité de l'Homme, il est important de développer ce processus. Continuons les plants OGM, injectons n'importe quel virus ou bactéries dans n'importe quoi, tout en gardant des règles de sécurité rigoureuses, tant que ça peut nous permettre de guérir une maladie.

Est-il si important que cela que l'Homme vive plus longtemps ? Pourquoi ne pas accepter de mourir à 80 ans ? Je préfère vivre cette durée plutôt que de voir progressivement tout se commercialiser : ovules, sperme, organes, sang, tel patrimoine génétique plutôt que tel autre etc... Tout ceci aura pour conséquence un accroissement des inégalités et surtout la perte progressive de toute chose naturelle appartenant à la planète, plantes et animaux possédant des gènes de tout et n'importe quoi. On décide de garder telle espèce et pas telle autre, on raye de la carte les tigres oranges pour en façonner des bleus sous prétexte que c'est plus vendeur, il deviendra anormal de procréer naturellement, on ne supportera plus la moindre imperfection chez ses enfants et cela tombera bien car on pourra choisir son physique et sa personnalité future. Bref, on arrivera à une société plus intolérante encore, ou les gens refuseront de vivre simplement, ce qui leur apporterait surement un bonheur plus certain, tout ça pour ne pas à avoir à se remettre en question.

Certains décrivent notre société comme étant libérale libertaire, afin d'évoquer le sans limite à la fois économique et culturel. Ceci est une erreur car ceux sont deux termes opposés : le capitalisme est libérale et ce sont au contraire les anarchistes, ou certains altermondialistes, qui prônent une société libertaire. Donc qui veulent plus de libertés individuelles, pas de hiérarchie, des règles certes, mais qui ne sont pas dictées par le profit.
Tout ça pour dire, que comme tout scientifique cliché de par le monde, il est libéral, il prône le sans limite sous prétexte que c'est possible et que penser différemment serait réactionnaire et donc contre le progrès. Le progrès scientifique est forcément positif, vu qu'on en apprend plus, peu importe les conséquences écologiques ou sociales. Or, sans être réactionnaire, on peut prôner des progrès bien différents : celui de la connaissance individuelle, celui de la communication et de la solidarité (qui se réduit d'année en année), celui de la capacité à vivre avec la nature, celui de l'art (extrêmement dévalorisé de nos jours, personne en France ne sait quoi faire après avoir suivi un cursus littéraire, il n'y a pas d'emploi car cela ne rapporte rien) etc... Par exemple, le nombre de peintres, poètes, sculpteurs diminuent drastiquement, car il n'y a plus de place pour eux dans la société, seules deux choses comptent : le profit et la science mise au service du profit.

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