lundi 14 octobre 2013

Le retour à la civilisation non civilisée (14/10/2013)


Un sentiment mitigé m’abreuva ce week-end. Certes j’étais heureux de revoir des amis de longue date et mon retour à Toulouse après quelques mois était pour moi euphorisant car il m’animait de nostalgie ; mais je me rappelais aussi que vivre dans une grande ville était synonyme de consommation.

Consommation de tout. Consommation par les trop nombreuses automobiles du silence qui pourrait régner et qui produisent inlassablement des bruits lassants. Je me suis d’ailleurs dit que ce serait très étrange une grande ville sans bruit tant on est habitué au contraire, reposant aussi. Surement que le stress serait moins permanent, bien qu’il puisse semblait très faible, comme il est continu il s’accumule en nous, petit à petit, sans que l’on s’en aperçoive.

En restant dans les transports, la consommation du métro/tramway qui est inéluctable pour le moindre déplacement et même si on tente de faire du vélo, on doit soit payer le prix du vélib soit réparer le sien tant le nombre de vol de roues et de crevaisons volontaires sont nombreux.

Est-il possible de passer une journée en ville sans rien dépenser ?
C’est fou comme question, mais hélas je crains que cela soit très difficile. Ça me fait d’autant plus bizarre que je viens de passer un mois et demi sans rien dépenser à part pour me nourrir.

Je parlais du métro, ce lieu est une aberration inexplicable : comment dans un lieu si confiné et regorgeant d’un si grand nombre d’individus, peut-il y avoir si peu de communication ?
Pourtant c’est bien l’échange vocal qui nous différencie des autres êtres vivants, une communication incroyablement complexe et fine, possible via un panel extraordinaire de moyens et d’outils. Dans le métro, l’Homme revient au stade animal voire végétal (parfois réduit à l’état de légume somnolent, même en pleine journée) !
Dans ce tube, seule une légère tension règne, une gène qui m’a mis mal à l’aise, je dois l’avouer. Même en connaissant les personnes autour de nous, le dialogue nous est difficile tant il est inhabituel et dicté par une conduite bien trop singulière qui est de ne rien dire, rien faire, se contrôler absolument. Supporter le regard d’autrui pour communiquer, c’est pas toujours facile.

Ouf, on sort de la station ! Regard aux alentours : eh vas-y que ça sort pour consommer des films à l’UGC, en VF qui plus est ! Eh vas-y que ça consomme sa bière à 3,50 dans un bar, passage obligatoire pour avoir des relations avec ses semblables. Le code est de consommer en toute circonstance, sauf à un moment : quand il faut bosser. Cette fameuse activité permettant de faire perdurer cette vie d’achat. C’est triste.

Évidemment qu’il y en a qui vont sur le bord de la Garonne pour lézarder toute l’aprem sous le soleil. Mais, je crois que c’est trop rare.
Et encore, il a fallu qu’ils foutent du ski nautique et des péniches de plaisance, nous enlevant par la même occasion le seul lieu où les seuls sons qui régnaient, étaient  partagés entre rires et accords de guitare.

Ah et puis toujours ce culte de l’image, l’importance de se maquiller, de bien se coiffer, de bien se vêtir et de rester toujours très superficiel dans la communication. Dialogues composés de pluie et de beau temps et d’SMS envoyés ici et là. Dieu merci, nombre de mes ami(e)s ne sont pas comme ça !
A quand le culte de la connaissance, du débat et du rire ?

Un point rassurant tout de même, aucun étudiant rencontré durant ce séjour souhaitait travailler, il préférait prolonger leur étude et donc avoir pas mal de temps libre, plutôt que de s’enfermer dans un lieu bien trop clos afin de toucher la fameuse paye mensuelle.

Est-ce si mal de souhaiter ne travailler qu’à mi-temps, afin de garder le temps de vivre ?
Parce qu’après le travail, on sait tous comment ça se passe : des collègues qu’on supporte mais qui ne seront jamais de véritables amis, une ambiance tout sauf ludique, des horaires pas évident à tenir et des tâches rébarbatives. Merci beaucoup.

« Perdre sa vie à la gagner et voir défiler les années, sommes-nous vraiment condamné ? »

Moins de consommation plus de temps libre, afin de pouvoir enfin prendre le temps. C’est tellement rare de prendre le temps...

Je parlerai bien de l’aspect extrêmement laid de la ville, ces immeubles, ces voitures, ces grues, ces chantiers, mais à quoi bon ?

En revanche, le marché de Saint Aubain m’a montré une nouvelle fois, que faire les courses pouvaient être une action très agréable. Un marché composé de produits souvent de qualité, de femmes, d'hommes et d'enfants qui sourient quelque soit la personne en face, de spectacle de rue et de sonorités dépaysantes provenant d’instrument de pays lointain. Le lieu est placé sous le signe de la joie et de la gaieté, du mélange d’origine sociale comme culturelle. Toute cette description est l’exacte opposée de nos grandes surfaces qui tendent à pousser comme des champignons, froides et individualistes. Ces supermarchés me mettent toujours mal à l’aise car je ne ne sais jamais comment me comporter (comme dans le métro en somme). J'ai toujours l’impression de gêner et de ne pas être à ma place, tant l'opulence est déraisonnable et les gestes d’humanité sont rares.

Je me sens tellement mieux seul dans une région rurale, à rien consommer et donc gagner en indépendance. A me balader, non entre voitures mal garées et bus roulant sur la chaussée, mais entre arbres et champs, là où la vision des immeubles et le son du métro est remplacé par la nature et les gazouillis d’oiseau. Ah ben c’est sûr, je fais moins de soirée et je ne fais pas des kilomètres et des kilomètres chaque jour. Oui je ne vais ni au cinéma, ni aux magasins de vêtements, ni aux expos (arguments trop souvent cités afin de favoriser la ville à la campagne).  Je me développe à mon rythme, prenant le temps de lire, de cuisiner ou de visionner ce film que je devais voir depuis tellement longtemps. C'est un soulagement de pouvoir reprendre cette aventure où je l'avais laissé et je souhaite à vous comme à moi : bon vent !

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