samedi 30 novembre 2013

Description du reportage d'Envoyé spécial sur ces Hongkongais qui vivent dans 1m²






http://www.youtube.com/watch?v=Wr0Mxavwx4g
A voir !
Hong Kong, ville la plus riche et la plus peuplée de Chine, possède son propre système politique, densité 6 405 habitants/km² (64 fois plus qu’en France), mais surtout (et c’est le sujet de cet article) la ville abrite en son sein plus de 170 000 personnes qui vivent dans des « logements » de 1m² !

Ces placards possèdent un loyer compris entre 100 et 200 euros ! Certains habitants y vivent depuis 40 ans. L’aide minimum est de 270 euros par mois et un 10m² coûte autour de 400 euros. Ces lieux de 1m² transforment profondément leur habitant, leur octroyant une vie totalement en marge de tout, par manque de fenêtre et de possibilité de payer le métro, ils sont enfermés dans la même zone et vivent jour après jour la même vie. Dans 10 m² il peut y avoir 6 voire 7 logements, il n’y a pas d’intimité possible et les dialogues entre voisins sont très rares. La modification dans l’esprit est telle que les individus s’habituent à ce mode de vie, perdent tout espoir de vivre ailleurs et pensent que leur vie est normale. Ils sont enfermés dans leur monde, extérieurs à toute réalité ils tournent en rond dans leurs pensées, on n’est plus dans le rationnel mais dans l’ordre des sensations, ils sont un peu comme des légumes qui réfléchissent sans réfléchir. Ils se laissent aller à voguer journée après journée, nuit après nuit. Ils sont tellement enfermés qu’ils n’ont plus le recul nécessaire pour se dire de quitter cette ville pour vivre ne serait-ce que dans une cabane à la campagne. Car dans ces placards, l’air est irrespirable, l'isolation phonique est inexistante et il fait extrêmement chaud. Évidemment ces locaux sont illégaux mais le gouvernement ne sait que faire, sachant que s’ils virent leur occupant,  ces hommes et ces femmes se retrouveront dans la rue.

Hong Kong est le temple de l’illusion pour les plus pauvres, une grand-mère et ses 2 petits-enfants de 5 et 8 ans vivent dans 4 m². Leurs parents travaillent en Chine et préfèrent qu’ils vivent à Hong Kong car ils pourront réussir plus tard une carrière professionnelle. Les rêves de ses enfants ? Vivre dans les immeubles sociaux d’en face de 10m². Et entre les placards et les immeuble sociaux, il y a les buildings luxueux occupés par les hongkongais les plus fortunés. L’écart de richesse et de condition de vie est considérable et effarant. Une vie dans un 1m², c’est s’habituer à ne plus vivre et à souffrir de dépression toute sa vie. En fait souffrir de dépression c’est au début, à la fin ces êtres humains sont au-delà de ça, las de se poser des questions comme : « Suis-je heureux ? »
La morosité devient la norme et elle n’est donc plus source de souffrance car elle est habituelle.

Pour en donner une idée, ce sont des placards de 60 cm sur 1m50 environ où il n’y a même pas la place de s’allonger, dans le pire des cas il n’y a ni lumière ni électricité, sauf dans la salle de bain et cuisine commune, cette dernière n’étant pas toujours présente. Que dire de plus ? C’est juste fou ! 170 000 personnes ! Dans 1 m². L’effet est comme une drogue ou un hallucinogène. Vivre ainsi ronge en profondeur et change du tout au tout le comportement d’un Homme. Le niveau d’aliénation est extrême ! En théorie, ils sont libres mais en pratique, on ne peut faire pire. Ils restent des heures et des heures à ne rien faire, prenant toujours les mêmes repas, passant dans les mêmes endroits. La solitude y est infâme ! Ils ne parlent absolument à personne. Ils attendent juste la mort car ils n’ont plus d’autre but.

vendredi 29 novembre 2013

She's so lovely film de Nick Cassavetes (1997)

La mine bien réjouie d'avoir fait n'importe quoi.


Conclusion :
J’a-dore Sean Penn ! Il a trop la classe ! Le voir dans un registre de gros malade mental, hyper violent et hyper doux en même temps. Dans des situations totalement incongrues voire what the fuck c’était bien cool et assez surprenant. Me suis bien poilé. Le film se place sous deux registres bien distincts : une folie particulièrement brutale et une folie drôle car décalée. Ah sté cool ! J’ai bien ri ! La première partie j’ai moins adhéré mais alors la seconde ! Je recommande !

On peut alors se poser une question : qui sont les executive producers (les producteurs quoi) ?
Ah ah ! vous ne devinerez jamais ! C’est Sean Penn, John Travolta et Gérard Depardieu ! AH HAHAHAH ! C’est bon ça ! René Cleitman le producteur français a aussi participé à l’effort financier afin que ce métrage puisse voir le jour. Comme quoi les français croyaient au pouvoir de cette œuvre assez loufoque.

Bon ça c’était pour l’intro. Mon propos sera décousu comme l’esprit tordu de tous les personnages de cette folie pensait par Nick Cassavetes.

Les individus ayant participé à ce film ont juste avant passé l’épreuve de la maison qui rend fou ! (trois fois !) La quoi ? Mais si Partoutatis, c’est l’épreuve des douze travaux d’Astérix ! Celle ou Obélix devient totalement jobar !
J’aimerais rentrer dans les détails, mais je ne peux pas sans déflorer…

Alors voilà je vous le conseille pas pour les premières 45 minutes mais pour les secondes !
Les trois derniers quarts-d’heures sont fumants de bonne idées ! Non vraiment ya pas un personnage pour rattraper l’autre, les personnages qui semblent sains d’esprit vacillent progressivement dans les tréfonds d’une nouvelle norme, illogique autant qu’irrationnelle, on voyage très loin et l’alcool omniprésent est un coup de pouce à une succession de scènes qui finissent par partir dans tous les sens.
Vala vala.

Dune 1 de Frank Herbert (1965)




Frank Herbert en plus d’être un romancier et nouvelliste de Science-fiction américain est un psychanalyste Jungien et cela peut être facile à dire comme ça, mais ça se ressent vraiment dans ses textes. Sa formation de psychanalyste lui a donné les armes pour se différencier d’autres écrivains et développer son propre style d’écriture, un style très personnel et radicalement différent dans certains champs de ses récits.

Partons du champ si bien abordé par Herbert,  celui de la pensée. Il s’en sert tout le temps et de manière magnifique et fascinante. Pour simplifier, admettons que Dune soit composé de deux sous-ensembles s’entrelaçant : une partie récit et description et une partie dialogue. Cette dernière est un bijou qui permet de nous faire ressentir une grande palette d’émotion car magnifiée par les pensées extrêmement développées des protagonistes du dialogue en cours.
En fait chez Herbert, un dialogue correspond à 50% de paroles et 50% de pensées donc de non-dits et c’est grâce à ces non-dits qu’il joue avec nous. Car nous savons ce que pense les personnages, on sait quand ils mentent, quand ils savent que l’autre ment, quand ils mettent en place une stratégie pour tirer des informations de l’autre. Cette exploitation de la pensée offre des possibilités infinies de situations qui pourront entrainer chez nous des sentiments qui nous feront rentrer dans l’histoire sans nous laisser la possibilité d’en sortir, le texte nous absorbe complètement.

Cette méthode fonctionne d’autant plus, que le registre est soutenu et que l’atmosphère globale de l’œuvre est froide et très contrôlée. Aucun de ses personnages ne se laisse aller à l’émotion brute, à des actions irréfléchies car cela serait signe de faiblesse et cela signifierait le plus souvent la mise en danger d’autrui, tant chacun compte sur l’autre et donc tant les responsabilités sont grandes. Jamais on ne verra un individu qu’il soit jeune ou vieux se mettre à rire, s’il rit ce sera un rire intérieur qui se traduira par un aspect corporel extérieur minimaliste : un léger sourire par exemple. Ainsi donc, comme le flegme et la froideur sont omniprésents, ce sont les pensées qui remplacent les comportements spontanés, qui rendent les personnages tout simplement plus humains.

Prenons un exemple, un dialogue est en cours entre deux personnages représentants de deux clans bien différents, ils représentent à la fois l’image et les intérêts de leur civilisation. Le registre se veut donc soutenu, les paroles sont longuement préparées et analysés avant d’être déclarées. Vu de l’extérieur, on a l’échange audible entre deux chefs, mais sur le plan de l’esprit, nous lecteurs comprendrons qu’il y a une évolution dans la sympathie qu’à un protagoniste envers l’autre, et ceci est terriblement fascinant. Les deux personnages se jaugent, abordent des sujets pour piéger l’autre et voir comment il va s’en sortir, s’il s’en sort bien, c’est-à-dire soit d’une manière similaire à comment aurait réagi celui qui a tendu le piège, soit d’une manière surprenante, le testeur n’ayant pas envisagé cette possibilité, les personnages se rapprocheront. A la suite de cet échange, même s’ils ne le montrent pas, nos deux protagonistes ont une grande admiration l’un pour l’autre et sont sur la même longueur d’onde, la confiance, base de tout, a pu s’installer. Dans ce cas de figure on va se mettre à avoir de l’empathie pour les deux personnages et en plus, on se sentira comme privilégier d’avoir pu connaître ce qui se passaient dans leur tête. Leur amitié nouvelle ne correspond pas à deux personnes mais à trois car on a été inclus par l’auteur dans cet échange.

Admettons maintenant que l’échange se déroule de la même manière mais sans que la confiance s’installe, c’est-à-dire qu’au moins l’un des deux personnages aura été dans l’incapacité de lire entre les lignes pour comprendre que la confiance pouvait régner. Grâce aux pensées qui nous sont décrites par Herbert, on sait que les deux personnages partagent les mêmes intérêts, mais comme ils restent au stade de sous-entendus, l’échange et ses conséquences resteront superficiels voire décevants. Ce qui entrainera alors en nous la frustration, car on sait que c’est deux représentants pourraient s’allier et s’assurer pour eux et leur tribu un avenir meilleur, mais par une certaine pudeur, un flegme trop prononcé, rien n’aboutira.

Dernier exemple, l’échange se passe mal, les deux s’en rendent compte mais ne le montre pas ouvertement, seule une tension s’installe, on ressentira alors nous-même cette tension, on se prendra aux jeux de l’agressivité par la parole, grâce à des stratégies où chacun des deux personnages tentent de mettre mal à l’aise l’autre, vis-à-vis des autres individus présent à la table par exemple. Au lieu de défendre de manière directe par des arguments ses attentes, le personnage par le sous-entendu va faire que d’autres personnages se mettent dans son camp, c’est une guerre des nerfs où les coups bas visant à faire perdre le calme de l’interlocuteur  en face sont monnaies courantes.
Et dans ce dernier cas, la tension sera tellement palpable et les personnages ayant de mauvaises intentions seront tellement réduits à néant juste par le sous-entendu, que cela sera extrêmement jouissif pour nous. Encore plus d’ailleurs que si des arguments visant à faire perdre contenance avaient porté leurs fruits.


Pour moi cet aspect de la pensée, de l’analyse, du contrôle des émotions est l’aspect qui rend singulier le style d’écriture de Frank Herbert. A côté de cela, pour l’écriture de cette œuvre incroyable, on a six années de recherche et d’écriture de notre écrivain. Six années à en apprendre plus sur la vie dans le désert, ses conséquences pour les organismes vivants et ses phénomènes, ce qui engendre un récit très riche et réaliste.

Arrakis, planète où se déroule la trame est aride autant dans son climat que dans les échanges entre êtres humains. Y vivre étant tellement dur que la vie humaine perd de son importance et donc que la mort d’un être humain est vécue comme l’occasion d’obtenir un peu d’eau (le corps humain étant composé à 70% d’eau). Les descriptions des paysages ne sont pas très développées, il n’y en a jamais pour des pages et des pages, par contre elles sont très précises avec des mots bien choisis. Ceci améliore encore l’immersion dans ce monde.


Dernier point qui m’a beaucoup marqué, c’est qu’Herbert choisi la simplification et c’est une très bonne chose. On est dans un univers avec des vaisseaux spatiaux où le voyage de planète en planète est courant, composé d’armement extrêmement sophistiqué, bref de technologies très avancées et à côté de cela, les animaux, les végétaux, la nourriture sont souvent la même que dans notre monde à nous : ainsi ils boiront du vin, mangeront de la poule, verront des aigles dans le ciel etc… Ceci sont des points de repères très évocateurs pour nous rendant la trame peu compliquée à suivre mais qui ne nous empêche pas de nous immerger dans cet univers, car des langues ont été inventé, des classes, une nouvelle religion, des capacités extra-sensorielles font leur apparitions telle que la télépathie etc…

Dune 1 est une œuvre à lire, même un individu pas spécialement porté sur la science-fiction pourrait passer un très bon moment, car ça se lit très bien et la trame est particulièrement prenante. Le cycle de Dune comprend sept œuvres, mais on peut très bien s’arrêter à celle-ci, ce n’est pas vraiment gênant, bien sûr, si l’œuvre vous a particulièrement plu il est presque impossible de ne pas céder à la tentation de lire la suite, ce que je fais en ce moment.


mardi 12 novembre 2013

Pensées sur les goûts, l'expérience et l'intolérance (12/11/2013)




Plus tu écoutes de musique plus tu écoutes de musique de qualité


Avant de commencer un point majeur, je parlerai de la musique mais il est clair que tout ce que je dirai peut s’appliquer à toutes les formes artistiques !

Que ce soit objectivement ou subjectivement nos goûts s’améliorent en développant notre expérience. Objectivement car nos goûts s’améliorent si l’échantillon total augmente (un top 10 sur 10 albums sera forcément moins bon que sur 100) ; Subjectivement car contenter un goût très précis sera plus difficile mais aura aussi pour conséquence d’atteindre un nouveau paroxysme de plaisir.  Attention tout de même, pour améliorer son expérience musicale, il faut à la fois écouter plusieurs fois un même album et ne cesser de découvrir de nouveaux artistes. 

On partagera donc plus souvent nos goûts si la fréquence d'écoute de la personne en face est similaire. Quelqu’un qui écoute beaucoup de musique finira par en écouter de la plus recherchée, qui sera très probablement de meilleure qualité, il passera plus de temps avant de trouver un album qui lui plaira, le tri se sera donc fait sur un plus grand échantillon de musique.
En reprenant l’exemple précédent, quelqu'un qui a n'a écouté que 10 albums ne pourra pas rivaliser avec la qualité de la musique de quelqu’un qui en a écouté 100, il aura aussi une écoute moins acérée car en écoutant une nouvelle œuvre il ne pourra que difficilement le rapprocher d’une œuvre de son expérience, il ne fera que découvrir et donc ce ne sera jamais du déjà entendu. Le plus spécialisé n'aura pas forcément de meilleur goût mais en revanche aura des gouts beaucoup plus précis.
Ceci explique que les musiciens ont rarement de bons gouts musicaux (du fait de leur manque d’expérience), ils n’écoutent pas tant de musique différente que ça, ils prennent plus de plaisir à en jouer, la nouveauté est plus facilement innovante à leurs yeux.
Cas que tout le monde a déjà vécu 1000 fois : on demande quels sont les genres qu’une personne apprécie, il répondra qu'il aime tous les genres (Ok merci.). Cette réponse proviendra la plupart du temps du fait qu'il ne connait pas et n’écoute pas tous les genres. D’emblée, les gens n’aiment pas le métal car rapporté aux bruits, le classique car rapporté à l’ennui, le rap car rapporté à des paroles agressives et pas toujours très fines. Cas plus rare mais existant, après avoir écouté tous les genres, le passionné s’est rendu compte qu’il avait trouvé des pépites dans ces différents univers parce que les choix de groupes et d’artiste sont infinis. Il est impossible d’apprécier tous les genres en n’écoutant que du commerciale, il y aura forcément un moment ou ça ne passera plus.

Un fait avéré qui va dans le sens de ce que j'ai dit précédemment : pour se faire conseiller dans un domaine culturel, on aura plus confiance auprès de quelqu’un de spécialisé dans ce genre, plutôt qu'un amateur ponctuel car il aura déjà un peu tout rencontré et l'essentiel de ces écoutes seront forcément en moyenne moins commerciales car ses recherches auront été approfondies. Il sera allé chercher dans les méandres de ce qu’il se fait de mieux dans la musique afin de contenter ses goûts, c'est en ça que la musique commerciale est moins bien. Le moteur de cette recherche est tout simplement la quête du plaisir, voire à un degré plus important, l’assouvissement de l’addiction. Un écouteur de musique occasionnel prendra moins de plaisir en écoutant ses œuvres favorites qu'un vrai passionné.
Tu débutes la musique, la première chose que tu vas découvrir, disons en grande partie, sera la musique particulièrement publicitée, elle n’est pas toujours mauvaise, mais à la fâcheuse tendance d’être extrêmement peu variée car elle suit les modes et ne propose qu’un échantillon d’artistes incroyablement petit. C’est le niveau 1 de la musique, on n’a qu’un très faible aperçu des possibilités provenant du milieu musical, à partir de ce niveau on ne peut que progresser.

Quels sont les autres défauts de la musique dîtes commerciale ?
On peut dire sans trop de mauvaise foi, même si ce n’est pas toujours vrai, qu’elle s’axe sur le nombre de ventes et non la qualité, qu’elle s'axe sur la mode et non l'originalité, qu’elle s'axe sur le spectaculaire et non la simplicité, qu’elle s'axe sur l'air du temps et non la vraie personnalité de l’artiste. Elle s'axe aussi sur l'identification à l'autre et non la découverte d'une nouvelle manière de pensée, elle s'axe sur l'émotion communément admise par l’époque et non l'émotion sans entrave et totalement débridée.

Ainsi donc c'est bien la liberté et le manque de liberté, l'imagination et le manque d'imagination qui font qu'une œuvre commerciale sera souvent moins bonne par rapport à un groupe provenant d’un label indépendant. C'est cette même imagination qui fait qu’assez fréquemment un premier album ne sera jamais dépassé en terme de qualité, la pression de la réussite étant tellement forte qu'il est quasiment impossible pour un groupe d'en faire abstraction afin de garder son potentiel d'imagination et de créativité. Par contre un excellent premier album qui ne recevrait pas le public qu’il mériterait d’obtenir permettra à un groupe de continuer de progresser dans sa musique.

Expérience personnelle : je suis capable de proposer de la musique à n’importe quel écouteur occasionnel  avec dans la majorité des cas un retour positif. L’inverse est faux, un non passionné de musique aura beaucoup de mal à me contenter. En revanche entre grands passionnés, il sera bien plus rare de trouver des œuvres excellentes pour les deux, chacun ayant ses armes et son expérience pour défendre son bifteck (ses goûts).


Goûts et tolérance

C'est l'expérience qui façonne nos goûts, elle nous rend aussi plus intolérant. Plus on est spécialisé, plus on est intolérant envers les œuvres et le goût des autres. L’intolérance peut être très faible pour une personnalité particulièrement ouverte ou très forte pour quelqu'un de misanthrope. Ces derniers ont bien sûr tort de l'être car il faudrait qu'ils acceptent non pas les goûts des autres mais tout simplement leurs inexpériences, eux même plus jeunes étaient inexpérimentés.
Plus compliqué, peut-on accepter l'inexpérience de quelqu'un de relativement âgé ?
Évidemment que oui. Même si c'est dans tous les domaines, quelqu'un qui serait insipide en somme et qui manquerai de curiosité ?
Là ça dépend de chacun, mais quelqu'un de tolérant l'acceptera sans mal, car l'expérience ne sera  pas selon lui une valeur forcément importante. Encore un autre point, plus on est différent de la majorité de ses contemporains, plus on est intolérant, car c'est la seule manière de s'accepter, de ne pas avoir à remettre en question sa personnalité, son caractère. Il pourra résister à la pression sociale du nombre et protéger sa liberté d'être.

Maintenant le tolérant ultime (un genre de Super Sayen de la tolérance) qui aurait des opinions et une personnalité bien tranchées, arrivera tout de même à ne pas comparer les gens entre eux. Quelqu'un qui ne sait rien/pas grand-chose, qui a tendance à s'ennuyer dans la vie et donc qui travaille, voyage et consomme de manière assidue, ne recevra pas de critique par notre tolérant ultime, il dira : « il est comme il est, il est absolument libre de choisir le cheminement de sa vie ».

Et finalement c'est de la que vient la différence entre tolérant et intolérant ! Il vient du besoin de pousser les gens à s'améliorer, à exploiter leur potentiel qu'il soit intellectuel et/ou physique, il a le désir de pousser les gens vers le haut, il tend à faire élever, comme le font les pédagogues, son entourage. Il forme et apprend, il enseigne son savoir et enseigne comment réfléchir sur celui-ci.
Un pédagogue qui prendra trop à cœur son désir de partager ses connaissances sera intolérant. Il appréciera l'effort de ses élèves ou leurs facilités, le tolérant acceptera le manque d'effort de ses élèves et leurs difficultés.

Accepter le manque d'effort peut s'apparenter à du laxisme, la tolérance à l'extrême serait donc du laxisme ?
C'est ce que dira quelqu’un d'un tant soit peu intolérant. Mais si un manque d'effort est mauvais pour la santé physique et mentale de cette personne, alors on se doit d'être intolérant au moins à un degré faible, et on ne peut accepter qu'il vive ainsi car cela ne le dérange pas.

Les parents veulent le meilleur pour leur enfant, est-ce là que l'intolérance commence ? Est-ce de l'égoïsme que de vouloir le meilleur ? Le meilleur n'est-il pas subjectif ? C'est là qu'est tout le problème, le travail pour son fils s'apparente au meilleur pour un parent, et s'il ne veut pas travailler ?
Soit il vivra dans de mauvaises conditions soit il vivra grâce aux aides de la société ce qui sera mauvais pour son estime de lui, et si ce n'est pas le cas, il sera égoïste (sauf s'il pratique une activité non rémunérée qui devrait l'être car il apporte quelque chose à la société). De bonnes conditions de vie sont aussi subjectives. De bons parents seront des adultes capable de s’adapter aux seuils de conditions minimum assurant le bien être leurs progénitures : « Vivre dans une cabane te satisfait ? Ca nous suffit. Tu désires ne pas travailler ? D’accord si tu trouves un moyen pour vivre dans des conditions de vie qui t’éloignent de la maladie, de la faim et de la dépression. Si tu arrives à être bien dans ta peau et dans ton corps, en respectant les lois je t’accepterai quel que soit la route que tu décides de suivre. »

Dans les faits des parents stricts dans l’éducation mais absolument ouvert à la vie que décide de prendre l’enfant est d’une sotte et triste rareté. Il y a fréquemment ce besoin des parents de garder le contrôle afin de compenser des complexes entrainaient par une carence en confiance en soi. Pourquoi se remettre en question alors que je peux casser les pieds à mes enfants ?

Mais on peut très bien ne pas accepter que l'autre vive dans la rue, d'ailleurs même s’il refuse l'aide qu'on lui prête sur le coup à posteriori il regrettera de l'avoir vu d'un si mauvais œil, vu que sa condition pourra s'en trouver largement rehaussée.

On retrouve donc d'un côté l'aliénation de l'autre l’intolérance : on se montre intolérant pour faire prendre conscience à l'autre dans un but qu'il soit plus heureux. Sauf que le dicton "heureux les simples d'esprit" est juste, seulement dans une logique humaniste il serait dommage de laisser l'humain au stade de simple d'esprit/d'aliéné, la nature nous ayant offert des possibilités, il serait dommage de ne pas en profiter. Seulement c'est une prise de risque car une fois désaliéné on ne peut savoir, si l'être sera plus ou moins heureux  par rapport à avant.

Mieux vaut-il être bête et heureux ou moyennement heureux (discontinuellement) en ayant connaissance de vérités qui nous entourent ?
L'humaniste choisira ce second choix, la personne absolument tolérante acceptera les deux. Objectivement aucun des deux n'a tort. Plus subjectivement, je pense qu'il ait bien qu'il existe c'est deux types de personnes, car ils permettent aux aliénés et aux relativement non aliénés de vivre en étant apprécier par une des deux catégories citées : humaniste ou tolérant.

Chacun peut donc vivre comme bon lui semble, je pars du principe, peut-être à tort, que la plupart (pas tous) des simples d'esprit le sont par choix car ils vivent très bien (selon eux) comme ça, pourquoi prendrait-il le risque de faire vaciller leur bonheur ?

Je n’ai pas encore évoqué le cas le plus courant actuellement : l’aliéné intolérant, on a l’aliéné qui s’en fout et on a l’aliéné intolérant, la pire espèce. Mal dans sa peau, qui ne pense qu’à suivre le mode de vie standard offert par la société, c’est à cause de l’existence de cette tranche de la société que l’intolérance, que l’on pourrait décrire comme morale, existe. Elle combat le racisme ou les moqueries de ceux qui ne comprennent pas que les gens puissent vivre différemment, selon leurs propres aspirations. Ils se disent tolérant sauf face à l'intolérance.

Je ne sais que conclure, disons qu'il faut trouver un juste milieu dans l'ouverture : accepter la différence : celle des origines comme celle de ceux qui n'aspirent pas à être des intellectuels ou des sportifs. Nul besoin de comparer car c'est en comparant que l'on se ferme à l'autre. Il faut tout de même être suffisamment intransigeant pour se protéger (et protéger ceux et celles que l'on aime), être moins malléable et donc plus libre.