Plus tu écoutes de
musique plus tu écoutes de musique de qualité
Avant de commencer un point majeur, je
parlerai de la musique mais il est clair que tout ce que je dirai peut s’appliquer
à toutes les formes artistiques !
Que ce soit objectivement ou subjectivement nos goûts s’améliorent en développant
notre expérience. Objectivement car nos goûts s’améliorent si l’échantillon
total augmente (un top 10 sur 10 albums sera forcément moins bon que sur 100) ;
Subjectivement car contenter un goût très précis sera plus difficile mais
aura aussi pour conséquence d’atteindre un nouveau paroxysme de plaisir. Attention tout de même, pour améliorer son
expérience musicale, il faut à la fois écouter plusieurs fois un même album et
ne cesser de découvrir de nouveaux artistes.
On partagera donc plus souvent nos goûts si la fréquence d'écoute de la
personne en face est similaire. Quelqu’un qui écoute beaucoup de musique finira
par en écouter de la plus recherchée, qui sera très probablement de meilleure
qualité, il passera plus de temps avant de trouver un album qui lui plaira, le
tri se sera donc fait sur un plus grand échantillon de musique.
En reprenant l’exemple précédent, quelqu'un qui a n'a écouté
que 10 albums ne pourra pas rivaliser avec la qualité de la musique de quelqu’un
qui en a écouté 100, il aura aussi une écoute moins acérée car en écoutant une
nouvelle œuvre il ne pourra que difficilement le rapprocher d’une œuvre de son
expérience, il ne fera que découvrir et donc ce ne sera jamais du déjà entendu.
Le plus spécialisé n'aura pas forcément de meilleur goût mais en revanche aura
des gouts beaucoup plus précis.
Ceci explique que les musiciens ont rarement de bons gouts musicaux (du fait de
leur manque d’expérience), ils n’écoutent pas tant de musique différente que
ça, ils prennent plus de plaisir à en jouer, la nouveauté est plus facilement
innovante à leurs yeux.
Cas que tout le monde a déjà vécu 1000 fois : on
demande quels sont les genres qu’une personne apprécie, il répondra qu'il aime
tous les genres (Ok merci.). Cette réponse proviendra la plupart du temps du
fait qu'il ne connait pas et n’écoute pas tous les genres. D’emblée, les gens n’aiment
pas le métal car rapporté aux bruits, le classique car rapporté à l’ennui, le
rap car rapporté à des paroles agressives et pas toujours très fines. Cas plus
rare mais existant, après avoir écouté tous les genres, le passionné s’est
rendu compte qu’il avait trouvé des pépites dans ces différents univers parce
que les choix de groupes et d’artiste sont infinis. Il est impossible d’apprécier
tous les genres en n’écoutant que du commerciale, il y aura forcément un moment
ou ça ne passera plus.
Un fait avéré qui va dans le sens de ce que j'ai dit précédemment : pour
se faire conseiller dans un domaine culturel, on aura plus confiance auprès de
quelqu’un de spécialisé dans ce genre, plutôt qu'un amateur ponctuel car il
aura déjà un peu tout rencontré et l'essentiel de ces écoutes seront forcément
en moyenne moins commerciales car ses recherches auront été approfondies. Il
sera allé chercher dans les méandres de ce qu’il se fait de mieux dans la
musique afin de contenter ses goûts, c'est en ça que la musique commerciale est
moins bien. Le moteur de cette recherche est tout simplement la quête du
plaisir, voire à un degré plus important, l’assouvissement de l’addiction. Un
écouteur de musique occasionnel prendra moins de plaisir en écoutant ses œuvres
favorites qu'un vrai passionné.
Tu débutes la musique, la première chose que tu vas
découvrir, disons en grande partie, sera la musique particulièrement publicitée,
elle n’est pas toujours mauvaise, mais à la fâcheuse tendance d’être extrêmement
peu variée car elle suit les modes et ne propose qu’un échantillon d’artistes
incroyablement petit. C’est le niveau 1 de la musique, on n’a qu’un très faible
aperçu des possibilités provenant du milieu musical, à partir de ce niveau on
ne peut que progresser.
Quels sont les autres défauts de la musique dîtes commerciale ?
On peut dire sans trop de mauvaise foi, même si ce n’est pas toujours vrai, qu’elle
s’axe sur le nombre de ventes et non la qualité, qu’elle s'axe sur la mode et
non l'originalité, qu’elle s'axe sur le spectaculaire et non la simplicité, qu’elle
s'axe sur l'air du temps et non la vraie personnalité de l’artiste. Elle s'axe
aussi sur l'identification à l'autre et non la découverte d'une nouvelle
manière de pensée, elle s'axe sur l'émotion communément admise par l’époque et
non l'émotion sans entrave et totalement débridée.
Ainsi donc c'est bien la liberté et le manque de liberté,
l'imagination et le manque d'imagination qui font qu'une œuvre commerciale sera
souvent moins bonne par rapport à un groupe provenant d’un label indépendant.
C'est cette même imagination qui fait qu’assez fréquemment un premier album ne
sera jamais dépassé en terme de qualité, la pression de la réussite étant
tellement forte qu'il est quasiment impossible pour un groupe d'en faire
abstraction afin de garder son potentiel d'imagination et de créativité. Par
contre un excellent premier album qui ne recevrait pas le public qu’il
mériterait d’obtenir permettra à un groupe de continuer de progresser dans sa
musique.
Expérience personnelle : je suis capable de proposer de la musique à n’importe
quel écouteur occasionnel avec dans la
majorité des cas un retour positif. L’inverse est faux, un non passionné de musique
aura beaucoup de mal à me contenter. En revanche entre grands passionnés, il
sera bien plus rare de trouver des œuvres excellentes pour les deux, chacun
ayant ses armes et son expérience pour défendre son bifteck (ses goûts).
Goûts et tolérance
C'est l'expérience qui façonne nos goûts, elle nous rend
aussi plus intolérant. Plus on est spécialisé, plus on est intolérant envers
les œuvres et le goût des autres. L’intolérance peut être très faible pour une
personnalité particulièrement ouverte ou très forte pour quelqu'un de misanthrope.
Ces derniers ont bien sûr tort de l'être car il faudrait qu'ils acceptent non
pas les goûts des autres mais tout simplement leurs inexpériences, eux même
plus jeunes étaient inexpérimentés.
Plus compliqué, peut-on accepter l'inexpérience de quelqu'un de relativement âgé
?
Évidemment que oui. Même si c'est dans tous les domaines, quelqu'un qui serait
insipide en somme et qui manquerai de curiosité ?
Là ça dépend de chacun, mais quelqu'un de tolérant
l'acceptera sans mal, car l'expérience ne sera pas selon lui une valeur forcément importante.
Encore un autre point, plus on est différent de la majorité de ses
contemporains, plus on est intolérant, car c'est la seule manière de s'accepter,
de ne pas avoir à remettre en question sa personnalité, son caractère. Il pourra
résister à la pression sociale du nombre et protéger sa liberté d'être.
Maintenant le tolérant ultime (un genre de Super Sayen de la tolérance) qui
aurait des opinions et une personnalité bien tranchées, arrivera tout de même à
ne pas comparer les gens entre eux. Quelqu'un qui ne sait rien/pas grand-chose,
qui a tendance à s'ennuyer dans la vie et donc qui travaille, voyage et
consomme de manière assidue, ne recevra pas de critique par notre tolérant
ultime, il dira : « il est comme il est, il est absolument libre de
choisir le cheminement de sa vie ».
Et finalement c'est de la que vient la différence entre tolérant et intolérant !
Il vient du besoin de pousser les gens à s'améliorer, à exploiter leur
potentiel qu'il soit intellectuel et/ou physique, il a le désir de pousser les
gens vers le haut, il tend à faire élever, comme le font les pédagogues, son
entourage. Il forme et apprend, il enseigne son savoir et enseigne comment
réfléchir sur celui-ci.
Un pédagogue qui prendra trop à cœur son désir de partager ses connaissances
sera intolérant. Il appréciera l'effort de ses élèves ou leurs facilités, le
tolérant acceptera le manque d'effort de ses élèves et leurs difficultés.
Accepter le manque d'effort peut s'apparenter à du laxisme, la tolérance à
l'extrême serait donc du laxisme ?
C'est ce que dira quelqu’un d'un tant soit peu intolérant. Mais si un manque d'effort
est mauvais pour la santé physique et mentale de cette personne, alors on se
doit d'être intolérant au moins à un degré faible, et on ne peut accepter qu'il
vive ainsi car cela ne le dérange pas.
Les parents veulent le meilleur pour leur enfant, est-ce là que l'intolérance
commence ? Est-ce de l'égoïsme que de vouloir le meilleur ? Le meilleur
n'est-il pas subjectif ? C'est là qu'est tout le problème, le travail pour son
fils s'apparente au meilleur pour un parent, et s'il ne veut pas travailler ?
Soit il vivra dans de mauvaises conditions soit il vivra grâce aux aides de la
société ce qui sera mauvais pour son estime de lui, et si ce n'est pas le cas,
il sera égoïste (sauf s'il pratique une activité non rémunérée qui devrait
l'être car il apporte quelque chose à la société). De bonnes conditions de vie
sont aussi subjectives. De bons parents seront des adultes capable de s’adapter
aux seuils de conditions minimum assurant le bien être leurs progénitures :
« Vivre dans une cabane te satisfait ? Ca nous suffit. Tu désires ne
pas travailler ? D’accord si tu trouves un moyen pour vivre dans des
conditions de vie qui t’éloignent de la maladie, de la faim et de la
dépression. Si tu arrives à être bien dans ta peau et dans ton corps, en
respectant les lois je t’accepterai quel que soit la route que tu décides de
suivre. »
Dans les faits des parents stricts dans l’éducation mais absolument ouvert à la
vie que décide de prendre l’enfant est d’une sotte et triste rareté. Il y a fréquemment
ce besoin des parents de garder le contrôle afin de compenser des complexes entrainaient
par une carence en confiance en soi. Pourquoi se remettre en question alors que
je peux casser les pieds à mes enfants ?
Mais on peut très bien ne pas accepter que l'autre vive dans la rue, d'ailleurs
même s’il refuse l'aide qu'on lui prête sur le coup à posteriori il regrettera
de l'avoir vu d'un si mauvais œil, vu que sa condition pourra s'en trouver
largement rehaussée.
On retrouve donc d'un côté l'aliénation de l'autre l’intolérance
: on se montre intolérant pour faire prendre conscience à l'autre dans un but
qu'il soit plus heureux. Sauf que le dicton "heureux les simples
d'esprit" est juste, seulement dans une logique humaniste il serait
dommage de laisser l'humain au stade de simple d'esprit/d'aliéné, la nature
nous ayant offert des possibilités, il serait dommage de ne pas en profiter.
Seulement c'est une prise de risque car une fois désaliéné on ne peut savoir,
si l'être sera plus ou moins heureux par
rapport à avant.
Mieux vaut-il être bête et heureux ou moyennement heureux (discontinuellement) en
ayant connaissance de vérités qui nous entourent ?
L'humaniste choisira ce second choix, la personne absolument tolérante acceptera
les deux. Objectivement aucun des deux n'a tort. Plus subjectivement, je pense
qu'il ait bien qu'il existe c'est deux types de personnes, car ils permettent
aux aliénés et aux relativement non aliénés de vivre en étant apprécier par une
des deux catégories citées : humaniste ou tolérant.
Chacun peut donc vivre comme bon lui semble, je pars du principe, peut-être à
tort, que la plupart (pas tous) des simples d'esprit le sont par choix car ils
vivent très bien (selon eux) comme ça, pourquoi prendrait-il le risque de faire
vaciller leur bonheur ?
Je n’ai pas encore évoqué le cas le plus courant actuellement : l’aliéné
intolérant, on a l’aliéné qui s’en fout et on a l’aliéné intolérant, la pire
espèce. Mal dans sa peau, qui ne pense qu’à suivre le mode de vie standard
offert par la société, c’est à cause de l’existence de cette tranche de la
société que l’intolérance, que l’on pourrait décrire comme morale, existe. Elle combat le racisme ou les moqueries de ceux qui ne comprennent pas que les gens puissent vivre différemment, selon leurs propres aspirations. Ils se disent tolérant sauf face à l'intolérance.
Je ne sais que conclure, disons qu'il faut trouver un juste milieu dans l'ouverture : accepter la différence : celle des origines comme celle de ceux qui n'aspirent pas à être des intellectuels ou des sportifs. Nul besoin de comparer car c'est en comparant que l'on se ferme à l'autre. Il faut tout de même être suffisamment intransigeant pour se protéger (et protéger ceux et celles que l'on aime), être moins malléable et donc plus libre.